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Ornithologie : Une nouvelle couleur… le jaune flûté !
lundi 11 mars 2024, par Nicolas Pinczon Du Sel
Le Loriot d’Europe (Oriolus oriolus), seul représentant des Oriolidés dans le paléarctique, nidifie du Maghreb à l’Altaï… en passant par la vallée de la Garonne
« Dans les couronnes feuillus des chênes, le sifflement du loriot semble exprimer une gaité insouciante : didedio… didlio ! Invisible dans les vertes frondaisons, il traversera peut être d’un vol rapide un espace libre, révélant alors son splendide plumage jaune d’or, contrastant avec le noir des ailes et de la queue… »
Paul GEROUDET, LES PASSEREAUX D’EUROPE - Tome 2, de la Bouscarle aux Bruants – éd Delachaux et Niestlé, 2010, page 237Photographie : N.PINCZON – Oriolus oriolus (avec une Streptopelia decaocto) - Mâle +1A - Les Adrets de l’Estérel (83-Var) – Juillet 2023
La famille des Oriolidés (4 genres – 41 espèces) occupe en reproduction l’Afrique tropicale et l’Eurasie (notre Loriot d’Europe), l’Asie du sud-est c’est à dire la Chine, l’Inde, l’Indonésie, la Nouvelle-Guinée et enfin l’Australie orientale (système Asie du sud - Australasie). Au niveau phylogénétique, les Oriolidés font partie de l’ordre des Passeriformes (les Passereaux), mais sont rangés avec les Laniidés (les Pie-grièches) et les Corvidés (Corbeaux, Corneilles, Choucas, Pies, geais…) dans un sous-groupe, dit infra-ordre, de ces 3 familles de passereaux et nommé les « Corvides ». Les autres familles de Passereaux étant dans les « Passerides ».
En Europe, Oriolus oriolus oriolus (nom scientifique complet genre-espèce-sous espèce), donc le Loriot d’Europe, habite de mai à septembre dans les ripisylves, les peupleraies, les chênaies et parfois les parcs d’ornement et les jardins où il exploite la canopée des grands arbres à feuilles caduques. L’alimentation se compose d‘insectes et de fruits. Il émet des sons flûtés et des grincements miaulés caractéristiques.
Acoustique : D.GUILLERME – Oriolus oriolus (on entend aussi une Fauvette à tête noire Sylvia atricapilla) - Charigny (21-Côte-d’Or) – Mai 2023Eurasian Golden Oriole (Oriolus oriolus)Un grand voyageur : C’est un migrateur au long cours ! Cette espèce d’origine tropicale va retourner, durant l’hiver de l’hémisphère nord, jusque dans les zones d’où il est originaire (probablement par la voie migratoire dite de l’ « Est »). Il y a 2 reprises d’oiseaux bagués en France (en zone méditerranéenne), au Botswana et au Congo. On imagine donc, lors de la saison humide, cette zone d’Afrique aux immenses forêts tropicales et subtropicales de l’ouest qui comprend des pays comme le Congo, l’Angola, la Zambie… (C’est également les zones d’hivernage de l’Engoulevent d’Europe – Caprimulgus europaeus). Mais en fait le Loriot d’Europe s’observe déjà aussi plus à l’est, dans les vastes savanes arborées du Kenya, de la Tanzanie, du Zimbabwe, du Botswana et de l’Afrique du Sud.
Les cousins du Zimbabwe : D’ailleurs, en novembre-décembre-janvier-février, le Loriot d’Europe côtoie, dans ces habitats forestiers semi-ouverts, et sans apparemment de compétitions interspécifiques, 2 autres espèces de Loriots très proches de lui (du même genre Oriolus), sédentaires, et qui sont alors, eux, en pleine période de reproduction ! Il s’agit de Oriolus auratus, le Loriot doré et de Oriolus larvatus, le Loriot masqué. En Europe, 23% des espèces forestières sont également représentées par des populations nicheuses dans les régions tropicales d’Afrique (système Paléarctique-Afrotropical). De manière hypothétique, il est possible d’imaginer qu’à partir d’un ancêtre commun, présent il y quelques millions d’années, par spéciation, 3 espèces distinctes du genre Oriolus se sont formées pour exploiter ces habitats forestiers tropicaux, dont l’une d’entre elles, au moment où l’investissement en besoin énergétique annuel est maximal (la reproduction) va progressivement former un phénotype migrateur, inverser la saisonnalité de sa reproduction et migrer jusque dans les forêts du Paléarctique (malgré les barrières naturelles que sont la zone désertique du Sahara, la mer Méditerranée, les zones de montagnes...) et alors même que les périodes glaciaires venaient de s’achever dans l’hémisphère nord. Après tout, nos forêts de feuillus sont, elles aussi, pleines de chenilles juteuses et de baies sucrées…
Et voilà ! Notre Loriot tropical est devenu européen... et l’est toujours !
Bibliographie :
BAUMANN S. – Observations on the coexistence of Palearctic and African Orioles Oriolus spec. in Zimbabwe – Vogelwelt 122 (2001), S. 67-79
BLONDEL J. – Histoire et Mise en place des Avifaunes forestières de l’hémisphère nord – ALAUDA – Vol 87 (3), 2019
DEHORTER O. & CRBPO (2023). Base de données de baguage et déplacements d’oiseaux de France. Centre de Recherches sur la Biologie des Populations d’Oiseaux, Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris, France. https://crbpo.mnhn.fr/ Consulté le 11 mars 2024.
GÉROUDET P., éditions mise à jour par CUISIN M.- LES PASSEREAUX D’EUROPE - Tome 2, de la Bouscarle aux Bruants – éd Delachaux et Niestlé, 2010
ISSA N., MULLER Y. – Atlas des oiseaux de France métropolitaine, nidification et présence hivernale – Volume 2 des Ptéroclididés aux Embérizidés - éd Delachaux et Niestlé, 2015
GUILLOT Gérard - Le Loriot et ses compères : les Oriolidés | Zoom Nature (zoom-nature.fr)Restaurer les habitats et les paysages, Respecter toute la faune et la flore sauvage…
mardi 2 janvier 2024, par Nicolas Pinczon Du Sel
Arte.tv propose actuellement plusieurs documentaires sur les formidables exploits des papillons de jour et des papillons de nuit…
Photographie : Nicolas PINCZON – Gonepteryx rhamni – Le Citron - Accouplement – Gironde (33), Lacanau – 09 juin 2022
Je n’ai pas tout regardé, mais les informations et les images semblent vraiment intéressantes pour qui s’intéresse à cet ordre d’insecte tout à fait passionnant que sont les Lépidoptères. Quelques études qui sont en cours de réalisation pour diverses espèces sont expliquées par ceux et celles qui s’investissent dans l’accès à ces connaissances. En plus, je crois qu’il n’est pas obligatoire d’avoir une Rolex au poignet pour regarder tout ça ! Il y a moyen de consulter directement en ligne certains documentaires, il y a aussi des projections sur le canal ARTE (7) :
Les papillons !!! Ces super-héros de la nature de Stéphane JACQUES (2023) :
Les super métamorphes (43min) : le 06 décembre à 16 :30 et actuellement en ligne Les papillons !!! - Ces super-héros de la nature - Les super métamorphes - Regarder le documentaire complet
Les super résistants (43min) : le 26 novembre à 15 :35 et actuellement en ligne Les papillons !!! - Ces super-héros de la nature - Les super résistants - Regarder le documentaire complet
Les supers voyageurs (44min) : le 26 novembre à 17 :00 et actuellement en ligne Les Papillons !!! - Ces super-héros de la nature - Les super voyageurs - Regarder le documentaire complet
Les papillons, une mine d’inspiration de Pierre BRESSIANT (2021 – 53min) :
En ligne jusqu’au 30 décembre 2025 : Les papillons, une mine d’inspiration - Regarder le documentaire completÉCOLOGIE ACOUSTIQUE : Sous les millions, millions et millions d’étoiles... le chant de la terre !
jeudi 21 septembre 2023, par Nicolas Pinczon Du Sel
Les écoutes et enregistrements acoustiques permettent de s’immerger dans un autre monde : LA NUIT ! Et cela pour de belles et étranges rencontres… magnifiquement sonores !
Photographie : Nicolas PINCZON – Crépuscule sur la lande… Gironde (33) – Avril 2023
Lors de différents suivis de la faune sauvage, la bioacoustique, ou écologie acoustique, permet souvent la localisation d’espèces cryptiques, de confirmer l’identification d’espèces (les critères auditifs sont essentiels dans certaines diagnoses), d’estimer des densités… ainsi que d’autres approches plus subtiles qui concernent des études sur les adaptations comportementales ou écologiques, les nuances intra-espèces qui révèlent des sous-populations (dialectes…), etc… Pour les 4 groupes que sont les oiseaux, les chiroptères, les orthoptères et les amphibiens, les connaissances sont longues à acquérir mais elles sont indispensables et… passionnantes ! Cette méthode non intrusive est pratiquée sur des temps diurnes et nocturnes. Dans un premier temps, sur le terrain, dans la nuit, place à l’imagination contemplative. Dans la noire fraicheur des courants d’air nocturnes où s’exhale doucement le parfum des grands arbres, il m’arrive, alors que je tends mon micro face à l’espace, avec mon casque-audio sur la tête, d’observer les étoiles, tout en m’imaginant les bêtes entendues… Celles-ci, cachées par l’obscurité parfois totale, vont, viennent, chantent. Elles vivent de leurs zèles ! Cette clameur donne un sacré relief au paysage invisible. Elle est terriblement associée aux sensations olfactives et tactiles. Puis, de retour à la maison, devant l’ordinateur, en réécoutant les sons, place à l’analyse, à la consultation bibliographique sur les espèces contactées. Voici 3 exemples enregistrés récemment en Nouvelle-Aquitaine. Une Marouette, une Noctule, une Antaxie… Il faut les écouter pour les croire !
Acoustique OISEAUX : Nicolas PINCZON – Marouette de Baillon Zapornia pusilla – Chant – GIRONDE (33), Mai 2023. Espèce extrêmement discrète. C’était à l’aube, au cœur d’une belle zone marécageuse et dans le concert matinal de tout un cortège d’autres oiseaux (Luscinia megarhynchos, Cuculus canorus, Alauda arvensis, etc...) et d’amphibiens (Pelophylax sp...)…ZAPPUS 020523 rise 33 GirondeAcoustique CHIROPTÈRES (Chauves-souris) : Nicolas PINCZON – Noctule de Leisler Nyctalus leisleri – Chant en Expansion x10 – LOT-ET-GARONNE (47), Septembre 2023. C’était dans une belle chênaie âgée au bord du plateau Landais. On entend également des sons d’orthoptères-ensifères (Phaneroptera nana, Pholidoptera griseoaptera, Leptophyes punctatissima…)
Acoustique ORTHOPTÈRES-ENSIFÈRES (Sauterelles) : Nicolas PINCZON – Méconème scutigère Cyrtaspis scutata et Antaxie cévénole Antaxus sorrezensis – Chant en Expansion x10 – LOT-ET-GARONNE (47), Octobre 2021. C’était à la lisière d’une chênaie avec végétation de lande (Brandes, Ajoncs, Bruyères…). Les Cyrtaspis scutata sont essentiellement dans la canopée (sauf un !).
Voir l’article "Le sonotone du naturaliste" publié le 01 juillet 2018 sur ce même blog.
BIBLIOGRAPHIE, SITOGRAPHIE :
• Les oiseaux par le son, enregistrer, identifier, comprendre - Stanislas WROZA - éd Delachaux et Niestlé, 2019
• Identifier les oiseaux migrateurs par le son - Stanislas WROZA - 1000 sons à télécharger - éd Delachaux et Niestlé, 2020
• La migration nocturne par le son - Stanislas WROZA & Julien ROCHEFORT - 250 sons à télécharger - éd Delachaux et Niestlé, 2021
• Chants et cris d’oiseaux, 350 espèces de France - Stanislas WROZA - 2000 sons à télécharger - éd Delachaux et Niestlé, 2023
• Écologie acoustique des chiroptères d’Europe. Identification des espèces, études de leurs habitats et comportements de chasse - Michel BARATAUD - Biotope, Mèze ; Muséum national d’histoire naturelle, Paris (collection Inventaires et biodiversité), 2020
• http://ecologieacoustique.fr/
• Les Chauves-souris par le son, identifier toutes les espèces de France et d’Europe - Jon RUSS - éd Delachaux et Niestlé, 2023
• https://www.vigienature.fr/fr/chauves-sourisDans la continuité des podcasts déjà en ligne sur France-Culture, réalisés par Charlotte Roux et Marc Mortelmans, qui abordent des sujets très actualisés concernant la faune sauvage qui nous côtoie...
Beaucoup d’informations réalistes, scientifiques, mais aussi culturelles tout à fait intéressantes à propos de l’ensemble de la famille des Corvidés et pour les espèces qu’il est possible d’observer en France (les Corbeaux, Corneilles, Pies, le Geai des chênes, le Choucas des tours, le Casse-noix moucheté, le Crave à bec-rouge, le Chocard à bec-jaune… plus quelques autres espèces plus particulièrement étudiées dans le monde). Capacités adaptatives, intelligence, vie sociale… des oiseaux passionnants, avec la participation de Valérie DUFOUR :
Mécaniques du vivant, saison 3 : le corbeau (intégrale) (radiofrance.fr)ORNITHOLOGIE : Oiseaux nicheurs dans les paysages du Lot-et-Garonne…
mardi 9 mai 2023, par Nicolas Pinczon Du Sel
Les questions et idées que soulèvent, en 2023, quelques espèces fragiles et indicatrices de la qualité des habitats...
Photographie : Geoffroy CHABOT – Circus cyaneus - Busard Saint Martin, mâle – Lot-et-Garonne, avril 2019
1/Le contexte paysagé et climatique :
Environ 125 à 130 espèces d’oiseaux peuvent se reproduire dans le Lot-et-Garonne. Certaines sont communes, généralistes, d’autres plus localisées, souvent spécialistes. Les oiseaux n’ont que des frontières naturelles, les limites de leurs biotopes. En tant que territoire administratif, parler des espèces du Lot-et-Garonne n’a pas vraiment de sens. Mais ce département comporte de manière très schématique plusieurs sous zones biogéographiques. Ces espaces sont plus intéressants à repérer pour définir les caractéristiques des populations aviaires qui peuplent le département :
• A une altitude de 25 à 50 mètres environ, la plaine alluviale (alluvions récents sablo-argilo-limoneux), est constituée de cultures intensives (céréales-oléagineux), de cultures fruitières (Pommes, Kiwis), de la populiculture, de friches agricoles. Le fleuve Garonne et ses affluents possèdent des bordures en (trop) étroites ripisylve (Saules, Peupliers) rarement associées à des petites mégaphorbiaies. Notons que le lit mineur du Lot ne constitue plus de bancs sableux-graveleux du fait des barrages successifs sur son parcours et que le lit mineur de la Garonne est à peine conservé, du fait de l’exploitation de la grave par dragage jusque dans les années 1980 et de la retenue d’eau au niveau de la centrale nucléaire de Golfech. Les zones humides annexes (notamment les « gaules » comme l’étang de la Mazière à Villeton) ont pratiquement disparues (depuis Napoléon !). Les affluents de la Garonne sont rehaussés, calibrés. Ce sont les sites artificiels d’extraction de granulats (carrières) qui permettent des habitats aquatiques pionniers. Ils sont ceinturés de friches thermophiles (steppiques). Ces sites, même artificiels et restreints, ont un rôle important d’habitats de substitution pour beaucoup d’espèces à l’origine localisées sur les rives du fleuve où anciennement dans les zones de bocage.
Photographie : N.PINCZON – Paysage dans les environs de 47-Monheurt, avril 2023
Photographie : N.PINCZON – La Garonne à 47- Saint Hilaire de Lusignan, avril 2022
Photographie : N.PINCZON – Colonie de Riparia riparia, Hirondelle de rivage, dans une gravière à 47- Layrac, mai 2021
• A une altitude de 100 à 180 mètres environ, les coteaux et terrasses calcaires (marnes, molasses et calcaire blanc) sont constituées également de cultures intensives céréalières, associées à quelques prairies naturelles avec des haies (élevage bovins), de la vigne, des cultures fruitières, des friches agricoles formant parfois des habitats arbustifs (fruticées), des pelouses à Genévriers, des boisements plurispécifiques (Chênes (Quercus pubescens), Charmes (Carpinus betulus), Erables (Acer campestre)…) fragmentés et souvent situés le long de petites dépressions rocheuses calcaires. Les cours d’eau sont parsemés de retenues collinaires pour l’irrigation des cultures et la régulation du débit de la Garonne.
Photographie : N.PINCZON – Paysage dans les environs de 47-Tayrac, mai 2015
Photographie : N.PINCZON – Paysage dans les environs de 47-Brazalem, mai 2019
• A l’ouest du département, la pointe du plateau Landais est recouvert par des sables éoliens, plus acides, plus secs et également thermophiles, caractérisant ces espaces en une végétation de type lande à Ericacées-Fougères-Ajoncs, avec quelques dépressions humides à Molinie bleue. La culture intensive du Pin des Landes a anéanti les habitats naturels (landes plus ou moins humides et pinèdes claires associées au Chêne liège (Quercus suber)), Voir l’article Le petit cortège des dunes du Lot-et-Garonne du 29 septembre 2019 sur ce même blog
Photographie : N.PINCZON – Paysage dans les environs de 47-Réaup-Lisse, mars 2019
• A l’est du département commence le Quercy. Le calcaire constitue des roches plus compactes de calcaires crayeux et argileux. Les sols sont plus succincts ce qui permet d’avantage de prairies naturelles et de pelouses à Genévriers. Les zones buissonnantes type fruticées sont plus nombreuses. La flore montre une tendance méditerranéenne (Chêne vert (Quercus ilex), Erable de Montpelier (Acer monspessulanum), Cormier domestique (Cormus domestica) et même le Pistachier (Pistacia terebinthus)…).
Photographie : N.PINCZON – Paysage dans les environs de 47-Anthé, mai 2018• Au nord-est du département, dans le Fumélois, le secteur jouxte le département de la Dordogne sur des calcaires gréseux. Les massifs forestiers sont plus conséquents (chênaies, châtaigneraies…) et permettent des cortèges avifaunistiques plus typiquement forestiers.
Si la majorité de ces habitats sont nettement anthropisés (pour ne pas dire « industrialisés »), le patrimoine architectural permet par ses villages, châteaux et monuments religieux, de belles possibilités pour les espèces dont la nidification est liée au bâti.
Nous pouvons isoler la moyenne vallée de la Garonne, en termes de conditions climatiques, comme un secteur aux moyennes de températures plus élevés, aux précipitations peu abondantes en comparaison aux autres secteurs aquitains (plateau landais, façade océanique, Pyrénées, zones collinaires de la Dordogne et du Béarn-Pays Basque) lui conférant le statut de Climat de bassin du Sud-Ouest (voir Theillout et al., 2015). Il est également intéressant de situer le département dans une zone biogéographique où la vallée de la Garonne et très probablement un des axes de pénétration, avec la côte basco-landaise, des espèces à affinités thermiques plus chaudes, méditerranéennes, vers l’espace atlantique. Cette hypothèse peut s’illustrer dans la vallée de la Garonne avec des observations plus ou moins récentes de diverses espèces animales à affinités très méridionales. Il faut admettre que, dans certains cas, les voies de communication humaine, le réseau routier, le réseau ferroviaire, le canal du midi, doivent contribuer à faciliter les diverses progressions observées. Quoi qu’il en soit ces nouveaux territoires sont viables pour des espèces qui n’ont pas de capacités de vol. Prenons quelques exemples : un insecte, la Decticelle Varoise (Rhacocleis poneli), un reptile, la Tarente de Maurétanie (Tarentola mauritanica) (Voir l’article Les lumières de la ville du 16 août 2022 sur ce même blog), un mammifère, la Souris à queue courte (Mus spretus) et un poisson, la Blennie fluviatile (Salaria fluviatilis). En ce qui concerne les espèces qui possèdent de bonnes capacités de vol, le front des progressions vers le nord des espèces thermophiles semble plus large que la stricte vallée. Notons comme exemple, des insectes, le Dectique à front blanc (Decticus albifrons), l’Anax porte-selle (Hemianax ephippiger), des oiseaux, le Petit-duc scops (Otus scops), le Rollier d’Europe (Coracias garrulus), la Fauvette mélanocéphale (Curruca melanocephala), etc…
Le contexte environnemental est celui que l’on connaît, pour les oiseaux :
o Anthropisation des paysages (infrastructures routières, bâtiments commerciaux ou industriels, parking, lotissements, panneaux photovoltaïques…),
o Homogénéisation des habitats agricoles (grandes monocultures),
o Utilisation massive d’intrants chimiques,
o Fragmentation des habitats naturels, isolement des populations faunistiques,
o Apparition de populations animales exogènes,
o Stress et dérangement,
o Diminution et dégradation des zones humides, eutrophisation de l’eau, sécheresses,
o Réchauffement climatique, etc…
Notons que le département a nettement perdu ses surfaces de prairies naturelles pâturées ou fauchées au profit de terres labourées pour les cultures de maïs, soja, tournesol…
Ce ne sont pas les espèces « rares » qui concernent cet article, mais bien les espèces « fragiles ». Il y a bien évidemment un lien entre ces deux notions. Par les temps qui courent, être fragile et spécialiste fait tendre à la raréfaction et à la réduction de la répartition en petits noyaux de populations isolées. L’oiseau fragile est un nicheur qui occupe ou « pourrait occuper » les habitats de notre territoire. L’oiseau rare peut être parfois assimilé à celui qui, constituant des populations lointaines, se retrouve de manière accidentelle sur notre territoire.
Photographie : N.PINCZON – Troupeau de bovins dans les environs de 47-Saint-Romain-le-Noble, avril 2019. L’élevage traditionnel augmente la biodiversité.
Ce qui est inquiétant et que l’on observe, c’est que les habitats préservés ont une durée d’existence absolument non pérenne. Un élevage sur pâture s’arrête, une belle prairie est labourée, une haie est rasée, une chênaie est coupée, une lande humide est drainée, l’embouchure d’un cours d’eau est bétonné, un banc de gravier sert de piste pour les quads… La préservation des habitats naturels et leur maintien est actuellement catastrophique et nous sommes nombreux à le constater (voir l’article Misère dans les forêts et les campagnes du 28 décembre 2019 sur ce même blog). Le Conservatoire des Espaces Naturels de Nouvel Aquitaine (CEN-NA) est une association qui s’est orientée dans l’acquisition foncière afin de permettre la subsistance d’habitats fragiles sur des petites parcelles. C’est une belle initiative. Mais, cela est possible sur des surfaces extrêmement restreintes. Qu’en est-il d’un politique locale rigoureuse de maintien des paysages et des milieux naturels en coordination avec les agriculteurs, les forestiers, les investisseurs et les différents habitants ou usagers d’un territoire ? Même si toute la France était un site Natura 2000, je ne pense pas que nous y arriverions tant la méconnaissance, la cupidité et les vielles valeurs traditionnelles… rôdent !Il est aussi possible de dire que quelques espèces évoluent favorablement depuis 30-40 ans, tout en gardant une certaine fragilité. Une dynamique de population s’avère positive pour certains Rapaces, Cigognes, Ardéidés (Hérons) et Laridés (Mouettes et Goélands) Voir l’article Les Laridés du Lot et de la Garonne du 24 juin 2019 sur ce même blog. Les causes sont essentiellement :
o Arrêt de certains pesticides à base de composés organochlorés (à partie des années 1960),
o Protection (Statut de protection nationale, directive oiseaux et habitats de l’U.E…),
o Actions de conservation,
o Exploitation de ressources trophiques artificielles,
o Réchauffement climatique (taux de survie en hausse, comportement migratoire atténué).
Certaines espèces endogènes reconstituent des populations (Faucon pèlerin (Falco peregrinus), Grand Cormoran (Phalacrocorax carbo)…), d’autres, endogènes également, sont en expansion (Héron garde-bœufs (Bubulcus ibis), Elanion blanc (Elanus caeruleus)).J’aborde, ci-dessous, les situations d’un ensemble d’espèces à tendance « fragiles » du Lot-et-Garonne dont certaines peuvent encore être indicatrices de la qualité des habitats naturels. Les références bibliographiques (citées en fin d’article) plus ou moins anciennes et associées aux informations issues des portails de saisie en ligne permettent, et j’y rajoute ma modeste expérience d’ornitho de terrain, d’établir un rapide état des lieux des nicheurs Lot-et-Garonnais. Ces différentes analyses, à travers ce classement, restent basées sur des connaissances objectives mais parfois éparses. De même les données de reproduction sont plus ou moins précises (possible-probable-certaine), selon la valeur du code atlas qui est attribué à chaque observation. Le département est probablement sous prospecté, bien que le nombre d’observateurs me semble en augmentation. La période sur laquelle je considère ces informations ornithologiques se situe essentiellement sur les 20 dernières années, avec un regard dans un rétro-viseur, grâce notamment à l’atlas des oiseaux nicheurs d’Aquitaine de 1974-1984.
2/Les espèces :
LES ESPÈCES DISPARUES : 8 espèces
Outarde canepetière (Tetrax tetrax) : Nidification certaine à la limite du département du Lot-et-Garonne et de la Dordogne sur la période 1974-1984
Marouette ponctuée (Porzana porzana) : Il existe plusieurs suspicions de nidification dans la vallée de la Garonne sur la période 1974-1984.
Courlis cendré (Numenius arquata) : L’espèce niche en effectifs très restreints dans le département des Landes à proximité du Lot-et-Garonne dans des habitats préservés (landes humides). En Lot-et-Garonne aucuns habitats de ce type n’ont été conservés. Les noms de certains sites maintenant en grande cultures de maïs irrigué sont évocateurs, comme la Lande aux courlis dans le secteur de Durance-Houeillès. J’ai pour ma part entendu des chants de Grive draine avec des intonations de chant du Courlis cendré, comme si une tradition perdurait chez cette espèce d’imiter le grand limicole autrefois présent.
Bécasse des bois (Scolopax rusticola) : Nidification certaine sur 3 à 4 mailles (20x29 km) sur la période 1974-1984. Aucunes données de nidification certaine depuis.
Busard cendré (Circus pygargus) : Actuellement, si l’espèce s’observe occasionnellement sur les terrasses et plateaux cultivés, elle n’est en revanche plus constatée comme nicheuse depuis la période 1974-1984. Une petite population s’est maintenue à la frontière avec la Dordogne et la Gironde dans les années 1990.
Pie-grièche grise (Lanius excubitor) : L’espèce était nicheuse localement côté Quercy et côté Landais (sur 2 mailles (20x29 km)) sur la période 1974-1984.
Fauvette orphée (Curruca hortensis) : L’espèce était nicheuse localement (3 à 4 mailles (20x29 km)) sur la période 1974-1984.
Bruant ortolan (Emberiza hortulana) : L’espèce était nicheuse localement dans le département sur la période 1974-1984 en continuité avec les populations de Dordogne et du Lot. Des mâles chanteurs ont été entendus jusque dans les années 2010 dans le secteur du Quercy vers Tournon-d’Agenais. Occasionnellement observée au printemps en migration. Une petite population nidificatrice se maintient sur les départements du Lot et du Tarn-et-Garonne. Cette espèce est en nette régression en Europe occidentale. Les secteurs agropastoraux traditionnels disparaissent rapidement, les populations d’insectes également.
Photographie : Geoffroy CHABOT – Emberiza hortulana - Bruant ortolan, mâle – Pyrénées-Atlantiques, juin 2016LES ESPÈCES TRES FRAGILES, VISIBLEMENT EN NET DECLIN, QUI SUBISSENT ACTUELLEMENT LA DÉGRADATION DES HABITATS : 7 espèces
Râle aquatique (Rallus aquaticus) : De la nidification certaine sur les petites zones marécageuses (mégaphorbiaies, lagües, cours d’eau, étangs…) de la partie Landaise. Cette population semble vraiment extrêmement restreinte.
Oedicnème criard (Burhinus oedicnemus) : De la nidification certaine dans le nord du département à la limite de la Dordogne, quelques contacts ailleurs. Comment cette espèce peut elle se maintenir avec les pratiques agricoles actuelles ? La succession des assolements, la mécanisation… Voir l’article Deux yeux jaunes dans un champ de cailloux du 08 novembre 2021 sur ce même blog
Busard Saint-Martin (Circus cyaneus) : L’espèce est observable sur tout le département avec, il me semble, davantage de contacts sur une ligne Nérac-Xaintrailles-Fargues-Villefranche de Queyran-Le Mas d’Agenais. Cependant les sites de reproductions avérés sont moins évidents… ceux de Cuq, de Moirax, de Sauvagnas ont disparu en 4-5 ans… La situation est-elle plus favorable dans le nord du département ? Cette espèce souffre nettement de l’évolution des paysages agricoles.
Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio) : L’espèce se maintient à peine et de manière très fractionnée. Certaine vallée, comme celle de la Masse avait encore des populations bien constituées au début des années 2000. La disparition des prairies naturelles (avec des buissons d’Aubépine), de l’élevage, des insectes et de tous les systèmes bocagés sont en cause. Voir l’article L’amnésie environnementale du 25 mai 2019 sur ce même blog
Tarier des prés (Saxicola rubetra) : Quelques rares données de mâles cantonnés et une nidification en 2020. Cette espèce est en nette régression en Europe occidentale. Les secteurs agropastoraux traditionnels disparaissent rapidement, les populations d’insectes également.
Torcol foumilier (Jynx torquilla) : Quelques rares données de mâles cantonnés alors que l’espèce était encore commune sur la période 1974-1984. La destruction des paysages agropastoraux est en cause.
Bouvreuil pivoine (Pyrrhula pyrrhula) : Une petite population se maintient essentiellement dans le secteur landais, le long des rivières (Ciron, Avance, Ourbise…) et de leurs affluents. Quelques données dans le secteur forestier proche de la Dordogne également. Cette espèce devient absente en plaine. Elle est reléguée de plus en plus aux zones de montagne.Photographie : Geoffroy CHABOT – Lanius collurio - Pie-grièche écorcheur, mâle – Landes, Juin 2019
LES ESPÈCES PLUTÔT REGULIÈREMENT OBSERVÉES, FRAGILES, DONT ON PEUT SUPPOSER DES BAISSES DE POPULATION EN LIEN AVEC LA DÉGRADATION ACTUELLE DES HABITATS : 7 espèces
Petit Gravelot (Charadrius dubius) : Peu de connaissances sur l’état des populations actuellement. C’est une espèce pionnière. Elle se maintient sur les bancs de grave du lit mineur de la Garonne dans la mesure où le dérangement n’est pas réel (chiens, promeneurs, pêcheurs, quads, feux de campement…). Les gravières en activité sont des habitats de substitution, mais le bulldozer y passe et y repasse...
Circaète Jean-le-blanc (Circaetus gallicus) : Si les données en période de reproduction sont régulières (l’espèce arpente un vaste domaine vital, les immatures non reproducteurs sont fréquents…), celles de nidifications certaines supposent pas plus 4 sites sur faune-aquitaine.org. C’est peu, et l’espèce dépend des populations de reptiles, donc des haies, friches, landes, marécages ouverts… Qu’en est-il des populations de reptiles ? Quelle dynamique pour le Lézard vert (Lacerta bilineata) notamment ?
Effraie des clochers (Tyto alba) : Peu de connaissances sur l’état des populations actuellement. Elle dépend des populations de micromammifères. Les prairies labourées, les friches agricoles sans continuité, l’aménagement des anciennes granges, l’augmentation du trafic routier nocturne… ne semblent pas aider l’espèce. Les observations nocturnes sur le bord des routes sont nettement moins fréquentes qu’il y a 30-40 ans.
Grive draine (Turdus viscivorus) : Peu de connaissances sur l’état des populations actuellement. C’est l’association de milieux forestiers, de pelouses rases et landes sèches qui sont favorable à l’espèce. La baisse de l’élevage (ovins ou bovins) et donc des prairies naturelles pâturées peut être une cause de diminution.
Fauvette pitchou (Curruca undata) : L’espèce se maintient bien dans la partie Landaise et est plus occasionnelle dans le Fumélois. Comment fait-elle pour s’adapter à l’instabilité constante des milieux de landes ouvertes ? Aucun site n’est vraiment en lande originel. C’est l’utilisation d’une petite fenêtre biotopique, dans l’assolement des parcelles plantées en Pins maritimes, c’est-à-dire dans la période de pousse des plants sur 3 à 4 années pas plus. Puis les petites populations doivent déménager aux alentours en suivant ainsi l’assolement des repousses suite aux coupes rases…
Bruant jaune (Emberiza citrinella) Idem que pour la Fauvette pitchou.
Linotte mélodieuse (Linaria cannabina) : Friches, landes… l’espèce pose les mêmes questions que le maintien de la Fauvette pitchou et du Bruant jaune.LES ESPÈCES COMMUNES, ASSEZ FRAGILES, QUI SEMBLENT MAINTENIR DES POPULATIONS, AVEC UNE DÉMOGRAPHIE TRÈS NUANCÉE SELON LES ESPÈCES : 51 espèces
Perdrix rouge (Alectoris rufa) : Quel est l’impact des grandes monocultures, de la pression cynégétique et de l’introduction d’oiseaux d’élevage ?
Caille des blés (Coturnix coturnix) : Quel est l’impact des grandes monocultures, de la pression cynégétique et de l’introduction d’oiseaux d’élevage ? L’espèce est très dépendante des friches et des prairies.
Grèbe castagneux (Tachybaptus ruficollis) : De plus en plus rare et localisée. Il y avait de bonnes densités sur les carrières en fin d’exploitation il y a environ 10-15 ans. L’impact important de la prédation par le Silure glane (Silurus glanis) est plus que probable ! Ce poisson prédateur exogène a été introduit absolument partout par les associations de pêche ! Sans aucune anticipation de l’impact négatif pour l’écosystème aquatique.
Goéland leucophée (Larus michahellis) : L’espèce, d’apparition récente (elle n’est donnée nicheuse dans le département qu’à partir de 2009 du faune-aquiatine.org) se reproduit essentiellement sur les toits de la ville d’Agen avec des actions de stérilisation depuis 2018. Voir article Réguler la population d’un oiseau opportuniste du 12 septembre 2020 sur ce même blog
Mouette rieuse (Chroicocephalus ridibundus) : Quelques petites colonies sur certaines gravières.
Sterne pierregarin (Sterna hirundo) : Une population fluviale de l’espèce c’est installé dès 2008 sur la Garonne et les carrières de granulats en exploitation attenantes. Une dynamique à surveiller, notamment par l’entretien et la quiétude sur les bancs de graviers du lit mineur, l’information auprès des exploitants de matériaux…
Grand Cormoran (Phalacrocorax carbo sinensis) : L’espèce s’est réinstallée nicheuse vers 2012 en Lot-et-Garonne. Une seule colonie, d’environ 35 couples, est connue. Voir l’article Une espèce en résistance du 16 janvier 2022 sur ce même blog
Héron garde-bœufs (Bubulcus ibis) : L’espèce est d’apparition relativement récente (première observation en 1979 à 82-Saint Nicolas de la Grave). A l’instar du Grand Cormoran par les pêcheurs, elle est en train d’acquérir une bien mauvaise réputation par les agriculteurs visiblement sans fondement. Ce sont les pratiques culturales (chimie, labour…) qui nuisent aux vers de terre… pas les « petits hérons blancs ». Son comportement grégaire donne une impression de multitude mais qu’en est-il vraiment de sa dynamique ? Quelques colonies sont connues.
Autour des palombes (Accipiter gentilis) : L’espèce a vraiment souffert des tirs depuis les palombières pendant des décennies. Qu’en est-il aujourd’hui ? Elle reste vraiment rare et localisée dans les habitats forestiers conséquents. Combien il y-a-t-il de couples reproducteurs sur le département ?
Aigle botté (Hieraatus pennatus) : Découverte nicheuse en 2014, l’espèce a probablement 8-10 couples ( ?) répartis sur le département. L’espèce utilise la vallée de la Garonne et les interfaces boisées ou les ripisylves conséquentes. Le secteur à l’ouest du département sur une ligne Mézin - Barbaste - Damazan - Casteljaloux ainsi que celui à l’est sur une ligne Fumel - Gavaudun – Saint Martin de Villeréal semblent vraiment favorables à sa présence. Ces secteurs mériteraient davantage de prospection. La forêt du Mas d’Agenais et de Sénestis mérite d’être prospectée également. Voir l’article L’Aigle beauté du 29 avril 2019 et le document Bulletin de liaison réseau Aigle botté en format pdf sur ce même blog.
Bondrée apivore (Pernis apivorus) : Peu d’information sur la dynamique de l‘espèce qui dépend de la reproduction des hyménoptères sauvages, dont les espèces qui creusent des terriers dans les prairies naturelles en diminution.
Élanion blanc (Elanus caeruleus) : Apparue en Aquitaine, depuis la péninsule ibérique, en 1983, l’espèce est actuellement en expansion. La dynamique dans le département semble positive ! Voir l’article Le petit rapace aux yeux rouges du 21 février 2021 sur ce même blog
Faucon pèlerin (Falco peregrinus) : Quelques couples connues. L’espèce peut encore faire l’objet de désairage et de trafics commerciaux illégaux.
Faucon hobereau (Falco subbuteo) : Peu d’information sur la dynamique de cette espèce dont la reproduction avérée reste modeste en Lot-et-Garonne (8 données accessibles sur faune-aquitaine.org sur la période)
Faucon crécerelle (Falco tinnunculus) : Qu’en est-il de la dynamique de cette espèce ? Elle est assez associée à l’Effraie des clochers en termes d’habitats et d’alimentation. Il y a-t-il une compétition avec l’Elanion blanc ?
Petit-duc scops (Otus scops) : Les données de mâles chanteurs sont régulières. L’espèce a progressé sur une période d’environ 10 années.
Hibou moyen-duc (Asio otus) : Peu d’information sur la dynamique de l’espèce. Elle se maintient dans des habitats plus « fermés » que l’Effraie des clochers et utilise des arbres pour nicher, mais dépend tout de même des prairies, landes et des friches c’est-à-dire de populations de micromammifères conséquentes pour se maintenir.
Chevêche d’Athena (Athene noctua) : L’espèce se maintient assez bien. Thermophile, elle doit profiter des hivers doux maintenant habituels.
Huppe fasciée (Upupa epops) : L’espèce semble se maintenir assez bien. Elle peut se satisfaire de petites zones herbeuses, de quelques jardins, avec de vieux arbres troués et dans la mesure où ces lieux ne sont pas « nettoyés » tous les printemps avec de l’herbicide !
Tourterelle des bois (Streptopelia turtur) : L’espèce semble se maintenir assez bien. Elle profite de certains chaumes de céréales dès juillet du moins s’ils ne sont pas labourés rapidement.
Martinet noir (Apus apus) : Aucune évaluation régulière de ses populations. Qu’en est-il de la disponibilité du « plancton aérien » ?
Engoulevent d’Europe (Caprimulgus europaeus) :L’espèce reste de contact régulier. Les densités sont assez bonnes sur le plateau landais, car elle sait utiliser les plantations de Pins maritimes notamment pour la reproduction. Côté Quercy, elle occupe des zones plus naturelles (chênaies thermophiles). Il existe aussi des sites sur les pentes en Nerprun alaterne (Rhamnus alaternus) le long de la vallée de la Garonne.
Coucou gris (Cuculus canorus) : L’espèce est essentiellement entendue dans les habitats forestiers. Les densités semblent favorables notamment sur le plateau Landais en contexte de pinèdes âgées où il parasite probablement le Rougegorge familier (Erithacus rubecula), le Pipit des arbres (Anthus trivialis)... et se nourrit de la Processionnaire du Pin (Thaumetopoea pityocampa). Des données de parasitisme sur Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus) ont été faites jusqu’en 2010 en plaine mais les contacts en plaine sont rares actuellement.
Pic noir (Dryocopus martius) : L’espèce est en expansion depuis les années 2010, avec l’exploitation des arbres dégénérescents c’est-à-dire des populations de coléoptères xylophages probablement en augmentation.
Pic épeichette (Dryobates minor) : L’espèce se maintient dans les ripisylves, certaines chênaies mais avec des densités assez faibles semble-t-il.
Pic mar (Leiopicus (Dendrocoptes) medius) : Quelques contacts. L’espèce profite-t-elle de la dégénérescence des chênes âgés ?
Alouette des champs (Alauda arvensis) : L’espèce se maintient mais de manière très localisée et en faible densité. Voir l’article L’Alouette des chants du 21 mars 2020 sur ce même blog
Alouette lulu (Lullula arborea) : L’espèce se maintient et occupe les habitats ouverts du Plateau landais (très jeune plantation du Pin maritime) et sur les coteaux, les vignes et prairies attenantes, les pentes à Genévrier (Juniperus communis).
Cochevis huppé (Galerida cristata) : Comment cette espèce se maintient elle en plaine et sur certains coteaux dans ce contexte agricole ? C’est une espèce des interstices. Elle arrive à subsister au milieu des vastes cultures intensives, sur un bout de chemin où les engins passent, sur une piste caillouteuse dans les carrières en exploitation. Une prouesse ! L’espèce n’est pas si commune !
Mésange huppée (Lophophanes cristatus) : Des données régulières notamment dans les pinèdes âgées du plateau Landais.
Mésange nonnette (Poecile palustris) : L’espèce n’est pas vraiment commune. Elle occupe les forêts humides, les bords de cours d’eau boisés.
Bergeronnette des ruisseaux (Motacilla cinerea) : L’asséchement des ruisseaux est un vrai problème pour cette espèce qui s’alimente vraiment dans les lits où l’eau coule et où les populations de trichopères et d’ éphéméroptères sont viables.
Bergeronnette printanière (Motacilla flava flava / M. f. iberiae) : La sous-espèce ibérique est parfois observées. L’espèce se maintient en très faible densité sur des zones de cultures intensives notamment la Betterave semence, le Colza… Là encore une prouesse ! Les contraintes de nidifications, de par les pratiques culturales, sont extrêmes ! Qu’en est-il de l’état écotoxicologique de ces populations ?
Pipit des arbres (Anthus trivialis) : Des petites populations essentiellement sur le plateau landais mais côté Quercy également.
Hirondelle rustique (Hirundo rustica) : Aucune évaluation régulière des populations de l’espèce. Qu’en est-il de la disponibilité du « plancton aérien » ? L’espèce a besoin de l’élevage, d’habitats bocagés.
Hirondelle de fenêtre (Delichon urbicum) : Aucune évaluation régulière des populations de l’espèce. Qu’en est-il de la disponibilité du « plancton aérien » ?
Hirondelle de rivage (Riparia riparia) : L’espèce se maintient uniquement grâce aux carrières d’exploitation de granulats.
Guêpier d’Europe (Merops apiaster) : L’espèce se maintient uniquement grâce aux carrières d’exploitation de granulats pour les habitats de nidification. L’impact négatif de l’Écrevisse de Louisianne (Procambarus clarkii) sur les populations d’Odonates peut limiter la ressource alimentaire de cette espèce.
Martin-pêcheur d’Europe (Alcedo atthis) : L’espèce se maintient sur la Garonne et quelques affluents. Elle dépend des populations de poissons et de leurs reproductions. Qu’en est-il d’un avenir où les cours d’eau s’assèchent drastiquement 6 mois sur 12 ? Voir l’article Connaissez-vous l’effet Tyndall du 25 décembre 2021 sur ce même blog
Loriot d’Europe (Oriolus oriolus) : L’espèce reste de contact régulier sur les chênaies et peupleraies.
Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus) : L’espèce est spécialiste des phragmitaies. Une restauration de zones humides annexes devrait permettre davantage à cette grande graminée aquatique de se répandre. Voir l’article Les deux têtes pointues du Lot-et-Garonne du 29 mai 2020 sur ce même blog
Pouillot de Bonelli (Phylloscopus bonelli) : L’espèce reste de contact régulier dans les boisements thermophiles.
Pouillot véloce (Phylloscopus collybita) : L’espèce se maintient en milieu forestier dans un contexte toujours un peu humide.
Gobemouche gris (Muscicapa striata) : L’espèce est discrète. Elle s’observe régulièrement dans les ripisylves, certaines chênaies (comme le Pic épeichette), avec des densités minimalistes (comme ses vocalisations acoustiques !).
Rougequeue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus) : Les données de reproduction sont régulières sans être abondantes. Avec une sensation d’un mieux depuis environ 10 années.
Tarier pâtre (Saxicola rubicola) : L’espèce se maintient mais avec certaines exigences habitationnelles. Le modeste réseau de prairies, friches, landes lui permettent des effectifs stables mais sans jamais qu’elle puisse être abondante.
Corbeau freux (Corvus frugilegus) : Il n’y a qu’un seul site connu depuis 2016 dans le département, vers Duras où pas plus d’une vingtaine de couples ont été observés. L’espèce est aussi présente à proximité (Gironde, Tarn-et-Garonne). Une petite polyculture diversifiée, la présence de prairies lui sont favorable (il se nourrit de larves hypogées d’insectes). Voir l’article Un beau corbeau trop peu commun et pas idiot du 15 janvier 2020 sur ce même blog (où je n’avais d’ailleurs pas connaissance de ce site « durassien »).
Moineau soulcie (Petronia petronia) : L’espèce est régulière côté Quercy. Il semble assez s’adapter aux cultures de céréales et reste le spécialiste pour nidifier de l’intérieur des barres métalliques en haut des poteaux EDF. Celles-ci doivent pourtant être surchauffées certains jours où le soleil est torride !
Moineau friquet (Passer montanus) : Espèce délicate à évaluer. Il semble très localisé (en plaine) et en densité faible.
Serin cini (Serinus serinus) : L’espèce n’est pas aussi abondante qu’elle pourrait sembler l’être. Finalement ce sont des zones périurbaines avec des jardins et des conifères d’ornement qui le maintiennent. Souvent en cortège avec deux autres fringillidés : le Verdier d’Europe (Chloris chloris) et le Chardonneret élégant (Carduelis carduelis).
Bruant proyer (Emberiza calandra) : L’espèce est régulière dans le Quercy et sur certains coteaux de la Garonne et du Lot. Il y a au moins une petite population en plaine de la Garonne, localisée sur des friches dans un réseau de carrières de granulats.
Photographie : N.PINCZON – Motacilla flava iberiae – Bergeronnette ibérique – 47-Layrac, mai 2023LES ESPÈCES EN MARGE DE LEUR AIRE DE REPARTITION HABITUELLE OU DONT LES SURFACES DES HABITATS TYPIQUES SUR LE TERRITOIRE SONT LIMITÉES : 11 espèces
Blongios nain (Ixobrychus minutus) : Un site avec 2 couples nicheurs probable depuis 2021 dans la vallée de la Garonne. Voir l’article L’oiseau roseau… du 15 mai 2021 sur ce même blog.
Héron pourpré (Ardea purpurea) : L’espèce s’observe régulièrement (y compris des adultes en plumages nuptiaux) mais les certitudes de nidification sont rares (1 cas en 2010).
Grand-duc d’Europe (Bubo bubo) : Au moins 3 sites de nidification connus à partir de 2016. Les populations du Lot, de la Dordogne, du Tarn-et-Garonne tendent à progresser. Voir l’article C’est l’heure du Bubo du 20 février 2019 sur ce même blog
Grand Corbeau (Corvus corax) : Quelques sites de nidification côté Quercy.
Pipit rousseline (Anthus campestris) : Quelques rares sites de reproduction très localisés sur le plateau Landais avec une possibilité de présence sur les zones arides côté Quercy. L’espèce pourrait être plus abondante avec des habitats de landes sèches et de prairies pâturées moins dégradés.
Fauvette passerinette (Curruca iberiae) : Une petite population dans le Quercy Lot-et-Garonnais vers Montayral.
Rousserolle turdoïde (Acrocephalus arundinaceus) : Quelques mâles chanteurs entendus avec régulièrement des cas de reproduction probable depuis 2021 dans la vallée de la Garonne.
Locustelle tachetée (Locustella naevia) : Une donnée printanière. L’espèce est étonnamment absente sur la période de nidification malgré certaines friches plus ou moins humides qui pourraient lui correspondre. Une espèce probablement peu thermophile ?
Pouillot siffleur (Phylloscopus sibilatrix) : Un doute sur de la reproduction, avec un mâle chanteur cantonné encore le 21 mai 2011 dans un habitat favorable bien que pas complétement typique (une chênaie âgée avec strate buissonnante). Nous ne sommes pas vraiment situés dans la zone de reproduction de l’espèce.
Hirondelle de rocher (Ptyonoprogne rupestris) : Quelques couples, au château de Bonaguil notamment.
Bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus) : L’espèce n’apparait que de temps à autre au printemps sur des suspicions de nidification.Photographie : N.PINCZON – Anthus campestris – Pipit rousseline – 47-Durance, mai 2022
LES ESPÈCES OCCASIONNELLES QUI ONT FOURNI QUELQUES DONNÉES DE REPRODUCTION PLUS OU MOINS RÉCEMMENT : 11 espèces
Sarcelle d’été (Spatula querquedula) : Une nidification certaine en 2021. Quel est l’impact de la pression cynégétique ?
Nette rousse (Netta rufina) : Nidification soupçonnée dès 2015 et certaine en 2019 dans les exploitations de granulats de la vallée de la Garonne. Quel est l’impact de la pression cynégétique ? Le site de Saint Nicolas de la Grave dans le Tarn-et-Garonne est un site de nidification.
Canard souchet (Spatula clypeata) : Une nidification certaine en 2018. Quel est l’impact de la pression cynégétique ?
Canard chipeau (Mareca strepera) : Une nidification certaine en 2020. Quel est l’impact de la pression cynégétique ? Le site de Saint Nicolas de la Grave dans le Tarn-et-Garonne est un site de nidification.
Fuligule milouin (Aythya ferina) : Espèce régulière depuis 2012 et nicheuse certaine depuis 2019 (1 cas) dans les exploitations de granulats de la vallée de la Garonne.
Échasse blanche (Himantopus himantopus) : Cette espèce pionnière se reproduit parfois, depuis 2014, dans les sites d’extraction de granulats (au moins 3 cas de reproduction certaine). Ces petites populations sont probablement issues de la péninsule ibérique, avec des déplacements vers le nord notamment en période de sécheresse en Espagne.
Goéland brun (Larus fuscus) : Reproduction soupçonnée d’au moins un couple sur la colonie de Goéland leucophée sur la ville d’Agen en 2016 et 2017.
Mouette mélanocéphale (Ichthyaetus melanocephalus) : Reproduction possible dès 2014 et avérée en 2016 sur des exploitations de granulats.
Pie-grièche à tête rousse (Lanius senator) : Nidification plutôt régulière sur la période 1974-1984. Puis encore quelques cas jusqu’en 2011. Seulement des observations d’oiseaux sans preuves de nidification sont réalisées jusqu’en 2018. Depuis, les données réalisées semblent être des oiseaux en migration prénuptiale sans suite pour la reproduction locale. L’espèce aurait pu être classée dans les espèces disparues du département.
Fauvette des jardins (Sylvia borin) : Nidification tout à fait régulière sur la période 1974-1984. Un seul cas de nidification certaine en 2010. Les autres données printanières sont actuellement sans suite. L’espèce aurait pu être classée dans les espèces disparues du département.
Grosbec cassenoyaux (Coccothraustes coccothraustes) : Quelques rares cas de nidification (2012). Des individus contactés au printemps actuellement sans suite.LES ESPÈCES À RECHERCHER : 10 espèces
Sarcelle d’hiver (Anas crecca) : Quelques données printanières tardives (avril à juin). Des individus en couple. Les habitats aquatiques du plateau Landais, bien que trop restreints peuvent éventuellement convenir. Apparemment pas de reproduction certaine.
Sterne naine (Sternula albifrons) : Quelques données estivale. Probablement de la dispersion. L’espèce est essentiellement présente sur le bassin de la Loire et la côte méditerranéenne.
Crabier chevelu (Ardeola ralloides) : Des données très régulières d’individus en plumages nuptiaux dans des habitats favorables du Lot-et-Garonne (carrières, étangs...). L’espèce est nicheuse dans le Tarn-et-Garonne.
Chevalier guignette (Actitis hypoleucos) : Les migrateurs sont tardifs (tout le mois de mai), cependant les individus qui paradent dans des habitats favorables sont à surveiller.
Milan royal (Milvus milvus) : Observation régulière en été. Souvent des 2ième année en mue. Les populations les plus proches sont essentiellement situées dans le Massif central et les Pyrénées.
Cincle plongeur (Cinclus cinclus) : Quelques rares données sur la Gélise et la Lède notamment. Sans doute de la dispersion.
Martinet pâle (Apus pallidus) : L’espèce nidifie à Toulouse, Bordeaux, Biarritz…
Rollier d’Europe (Coracias garrulus) : Quelques observations plutôt régulières en été.
Alouette calandrelle (Calandrella brachydactyla) : Quelques rares observations au printemps, les habitats de cultures et friches dans les coteaux calcaires sont potentiellement convenables pour cette espèce.
Fauvette mélanocéphale (Curruca melanocephala) : L’espèce est présente dans quelques départements voisins (Tarn-et-Garonne, Lot) et une donnée de capture en hiver pour le Lot-et-Garonne.RESTONS ATTENTIF ! :
Harle bièvre (Mergus merganser) : L’espèce a tendance à coloniser de nouveaux territoires, avec deux cas de reproduction dans le bassin de la Garonne (Ariège, Aveyron).
Cigogne blanche (Ciconia ciconia) : L’espèce est observée régulièrement. Des populations nicheuses sont peu éloignées (Gironde, Dordogne…).
Cigogne noire (Ciconia nigra) : Nous sommes sur l’axe de migration de l’espèce, celle-ci étant en légère expansion… Cependant ses exigences de rivières forestières poissonneuses sont de plus en plus limitées !
Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus) : Une minuscule population de ce rapace, grâce au PNA, semble émerger en ancienne Aquitaine…
…/…3/Un projet départemental ? :
Impossible de prédire l’avenir. Le vivant invente. Cela dit, la tendance actuelle va vers une homogénéisation biotique. Nous perdons de la biodiversité à une vitesse observable à court terme (voir les sites naturefrance.fr et cnrs.fr : L’intensification de l’agriculture est à l’origine de la disparition des oiseaux d’Europe) et cet article le montre. Si certaines espèces fragiles « représentent » les habitats que nous avons façonnés depuis des siècles afin de vivre sur ces territoires grâce à l’agro-pastoralisme, elles ont aussi un rôle mélangé d’ordre culturel, patrimonial et sont comme indicatrices de la complexité des paysages, donc de leur fonctionnement évolutif, de leurs ressources diverses, de leur beauté ... Ces paysages ne devraient pas être des zones industrielles mais des jardins, des édens, qui conserveraient quelques recoins mystérieux. La métaphore manichéiste paradis/enfer est tentante. Nous descendons en enfer et le vacarme des campagnes est assourdissant. La présence de certaines espèces animales fragiles (en gestion des espaces naturels, les espèces très exigeantes d’un écosystème sont dites espèces « parapluies ») et la cohabitation que nous pouvons accepter avec elles, peut servir de baromètre, de curseur, entre l’enfer et le paradis. Ceci dans la mesure où ces espèces sont plutôt exigeantes, leur présence et la viabilité de leurs populations garantissent un état des lieux continuel et sous-entend la viabilité des espèces pour le coup moins exigeantes. Sur le territoire de la moyenne Garonne, certaines espèces d’oiseaux citées ci-dessus pourraient être indicatrices de l’état des paysages dans la mesure où elles feraient l’objet de surveillance voire d’une restauration des habitats et des corridors écologique à une large échelle. Actuellement, aucun acteur territorial n’est en mesure d’insuffler et de coordonner un tel projet. Après celle des populations faunistique et floristique, la première fraction est finalement celle des intentions, des postures politiques, des pouvoirs… D’un côté il y a une analyse objective de la situation, de l’autre les actions restent modestes, éparses et divisées. Il n’y a pas de projet majeur. Il n’y a pas d’harmonisation. Les associations, aussi importantes soient-elles, n’ont pas les moyens de porter ces projets. Elles dépendant de dispositifs publics et travaillent à des échelles bien plus restreintes ou sur des actions ponctuelles. Elles ont parfois des difficultés financière, bien que cumulant de belles compétences. Elles font face à des enjeux de pouvoirs locaux, aux privilèges de certains et les agressions et donc les actions en justice sont régulières. Être le propriétaire de vastes surfaces agricoles ne doit pas dire tout se permettre ! Le privé a ses limites. Il devrait y avoir une éthique partagée, des règles obligatoires à respecter pour ces propriétaires du paysage. Ce territoire souffre. Il est perpétuellement abimé, détraqué. Il y a comme une injustice, car peu de monde profite de cette situation. Au-delà de nos cohabitants (la faune et la flore) c’est également la majorité de la population humaine qui subit ces dégradations environnementales. Alors qui se préoccupe du Busard Saint-Martin, de la Pie-grièche écorcheur, du Bruant ortolan, de l’Oedicnème criard ? Afin de d’entretenir dans les paysages de réels réseaux de landes, friches et des zones agropastorales… Qui se préoccupe du Petit Gravelot, du Martin pêcheur d’Europe, du Râle aquatique, de la Sterne pierregarin, du Bouvreuil pivoine ? Afin d’entretenir des habitats humides annexes aux différents lits mineurs des cours d’eau (en lien avec une véritable politique de l’eau). Si le dispositif européen Natura 2000 est bienvenu, et il a maintenant 20 ans, il n’est visiblement pas suffisant. Quel vrai projet politique devrait s’ajouter à ce réseau ? Un projet local qui surpasserait les conflits d’intérêt, imposerait (avec fermeté) des choix et des lois ! En prenant un peu de recul et en regardant les paysages du Lot-et-Garonne… il y a-t-il encore quelqu’un qui croit au paradis ? Visiblement non. Il y a-t-il quelqu’un qui peut encore supporter ce monde mortifère ? Visiblement oui. Ce monde ne se nourrit pas de lui-même, il ne se régénère pas. Il est exploité jusqu’à la moelle par des pilleurs. Ce commerce me glace. Et toujours la réalité s’impose : la cupidité est notre lien social. Le naturaliste connait bien la réalité. Il l’arpente sans cesse. Si nous considérons les deux emblèmes de ce département, le Lot et la Garonne, si nous considérons la vocation d’y préserver des terres agricoles fertiles à long terme, nous devons considérer ces quelques espèces d’oiseaux. J’ai pris des oiseaux comme exemple mais bien évidemment c’est l’ensemble de la faune (poissons, mammifères, reptiles, amphibiens, arthropodes…) et de la flore qui possède des espèces « parapluies ». La considération de l’environnement devrait avoir une dimension très locale, avec des diagnostics, puis des actions sur des surfaces de l’ordre du quart du département ! Alors ?... histoire d’avancer un peu… quel décideur local pourra oser un jour affronter la dictature agricole ultralibérale et agir avec conviction pour un territoire partagé ? Pour un paysage de rêve… à tous et pour tous ! Ne serait-ce pas plutôt cette voie qui nous amènerait vers une terre d’exception ?
Extrait de Manières d’être vivant de Baptiste Morizot, page 270 :
« Plus qu’en appeler à l’amour de la Nature, ou agiter la crainte de l’apocalypse, il me semble qu’une voie plus ajustée aux enjeux du temps revient à multiplier les approches, les pratiques, les discours, les œuvres, les dispositifs, les expériences qui sont capables de nous faire sentir et vivre le point de vue des interdépendances. Nous faire sentir et vivre comme vivant parmi les vivants, comme eux pris dans la trame, partageant des ascendances et des manières d’être vivant, un destin commun et une vulnérabilité mutuelle. »Photographie : N.PINCZON – Charadrius dubius – Petit Gravelot – Pyrénées-Atlantiques, mai 2023
Merci à Geoffroy CHABOT pour la mise à disposition de ses belles photographies (Busard Saint-Martin, Pie-Grièche écorcheur, Bruant ortolan).
BIBLIOGRAPHIE, SITOGRAPHIE :
BOUTET J.Y, PETIT P. – ATLAS DES OISEAUX NICHEURS D’AQUITAINE 1974-1984 - Œuvre collective des ornithologues d’Aquitains – Centre Ornithologique Aquitaine Pyrénées, 1987
COLLECTIF FAUNE AQUITAINE : www.faune-aquitaine.org
COMMISSION DE L’AVIFAINE FRANCAISE – Liste officiel des oiseaux de France, version 2020 – ORNITHOS 27-3, n° 143, Mai-Juin 2020
DUBOIS Ph-J. – Une histoire contemporaine des oiseaux de France – éd Delachaux et Niestlé, 2022
DUBOIS Ph-J., LE MARECHAL P., OLIOSO G., YESOU P. – Nouvel inventaire des oiseaux de France - éd Delachaux et Niestlé, 2008
DUCOS E. – Histoire du Harle bièvre Mergus merganser en France : expansion et statut récent – Ornithos n°150, juillet-août 2021
FREMAUX S. & RAMIERE J. coord.- Atlas des oiseaux nicheurs de Midi-Pyrénées – Nature Midi-Pyrénées – Delachaux et Niestlé, 2012
ISSA N., MULLER Y. – Atlas des oiseaux de France métropolitaine, nidification et présence hivernale – Volumes 1 & 2 - éd Delachaux et Niestlé, 2015
Observatoire Nouvelle Aquitaine de la Faune Sauvage - FAUNA - Accueil (observatoire-fauna.fr)
KOLLECT, CEN-NA : https://nouvelle-aquitaine.kollect.fr/
MORIZOT B. - Manières d’être vivant - Mondes sauvages - éd ACTES SUD, 2020
NATURE FRANCE : https://naturefrance.fr/
RIGAL S., DAKOS V., ALONSO H., DEVICTOR V. - Les pratiques agricoles entraînent le déclin des populations d’oiseaux dans toute l’Europe - Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) - vol 120, n°21 - mai 2023 https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.2216573120
https://www.cnrs.fr/fr/lintensification-de-lagriculture-est-lorigine-de-la-disparition-des-oiseaux-en-europe
ROCAMORA G. & YEATMAN-BERTHELOT D. – Oiseaux menacés et à surveiller en France, Listes Rouges et recherche des priorités. Populations. Tendances. Menaces. Conservation – SEOF/LPO, 1999
THEILLOUT A. & Collectif faune-aquitaine.org – Atlas des oiseaux nicheurs d’Aquitaine – LPO Aquitaine, Delachaux & Niestlé, 2015
THEILLOUT A., BESNARD A., DELFOUR F., & BARANDE S. - Atlas des oiseaux migrateurs et hivernants d’Aquitaine. Dordogne, Gironde, Landes, Lot-et-Garonne, Pyrénées-Atlantiques. MNHN - LPO, 2020
VANSTEENWEGEN Ch. - Histoire des oiseaux de France, Suisse et Belgique, l’évolution des populations, le statut des espèces - éd Delachaux et Niestlé, 1998
YEATMAN L. J. – Histoire des oiseaux d’Europe – éd Bordas, 1971Atmosphère ! Atmosphère !… est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ?
mercredi 15 mars 2023, par Nicolas Pinczon Du Sel
Expression visible de toutes les nuances physiques des masses d’air : température, humidité, pression, mobilité… les nuages sont d’une étonnante variabilité !
Photographie : N.PINCZON – Lot-et-Garonne – Septembre 2017
L’eau voyage dans les nues, emportée par le vent. H2O se transforme alors en arborant une multitude d’apparences, des plus étonnantes : de la lourde nappe grisâtre aux boursoufflures rosées en passant par les stries blanches pures, les vagues tubulaires écumeuses, les torsades noires et pressées... Les nuages peuvent être tout autant minuscules, gigantesques, perdus, paisibles, nonchalants, inquiétants, toniques, majestueux, hyperactifs, libres... ou absents ! Alors, pour ceux qui sont un peu tête en l’air : tout sur les cumulonimbus, les cirrostratus, etc… un livre tout à fait lumineux ! :
Le guide du chasseur de nuages – Gavin Pretor-Pinney – éditions JC Lattès, 2006
« Atmosphère ! atmosphère !… est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ? » = Arletty dans le film Hôtel du Nord de Marcel Carné.page précédente | page suivante
A propos de l’auteur
Animé très jeune par l’observation des animaux, je concrétise ma passion en arpentant les forêts, montagnes, rivages et autres marécages, les jumelles au cou, le carnet de notes en main, un guide d’identification toujours ouvert… à 22 ans je passe plus d’une année dans les Terres Australes et Antarctiques Françaises pour étudier les Pétrels, les Prions, les Albatros, les Manchots...
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