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ORNITHOLOGIE : Réguler la démographie d’un oiseau opportuniste…
samedi 12 septembre 2020, par Nicolas Pinczon Du Sel
Deux nouvelles contraintes pour la population du Goéland leucophée (Larus michahellis) dans le Lot-et-Garonne
Photographie : Nicolas PINCZON – Larus michahellis, adulte sur un site de reproduction, le 20 avril 2015, 47-AGEN
Le Goéland leucophée (Larus michahellis) niche dans le département du Lot-et-Garonne : voir l’article du 24 juin 2019 sur ce même blog.
D’origine plutôt méditerranéenne et atlantique (Italie, Espagne, Sud-Ouest de la France) l’espèce a colonisé les grandes vallées fluviales françaises de manière assez récente (depuis un peu plus de 40 années).
Cette espèce s’adapte avant tout aux activités humaines et profite de la pêche intensive, de l’agriculture intensive, de l’élevage industriel de volailles, des retenus d’eau artificielle, des décharges à ciel ouvert…
Occasionnellement prédateur sur les colonies d’oiseaux (il peut capturer des poussins, manger des œufs), il reste à la base un « nettoyeur-charognard » des habitats aquatiques.
Dans le département, si les effectifs observés de Goéland leucophée sont parfois assez impressionnants, avec de longs vols le soir au-dessus du fleuve en direction des dortoirs, il faut savoir que la structure démographique de la population qui sillonne la vallée de la Garonne, semble très jeune. En effet, lors des observations de groupes importants, l’essentiel des oiseaux est immature. Les oiseaux ont alors moins de 4 ans et ne se reproduisent pas encore. Si quelques couples d’adultes peuvent nicher sur des retenues d’eau artificielles ou des gravières, la colonie la plus importante reste celle de la ville d’Agen. Il ne me semble pas qu’elle est été estimée. Je ne sais pas si elle dépasse 40 couples !
Evidemment, cette population Lot-et-Garonnaise fait partie d’une vaste population fluviale, de la Haute-Garonne à la Gironde. Notons également que cette espèce « navigue » sans problème et que les longs déplacements sont faciles pour elle. Il y a, assez certainement, un fort « brassage » d’individus des Pyrénées, voire de la mer Méditerranée, à l’océan Atlantique.
En Lot-et-Garonne, la principale colonie de reproduction, sur les toits de la ville d’Agen, est stérilisée depuis le printemps 2018. La population est « sous-contrôle » démographique, et les échecs successifs de la reproduction peuvent éventuellement amener les oiseaux reproducteurs à déserter plus ou moins les lieux.
Le site d’enfouissement des ordures ménagères sur la commune de 47-Nicole est en cours d’arrêt de son activité, et plus aucun déchets organiques ne seront accessibles pour les oiseaux très prochainement. C’était un haut lieu de rendez-vous avec plusieurs centaines de Goélands souvent réunis pour fouiller les déchets, jusqu’à plus de 1000 individus en hiver. L’espèce était, selon la saison, en compagnie des Goélands bruns (Larus fuscus), des Mouettes rieuses (Chroicocephalus ridibundus), des Milans noirs (Milvus migrans), des Héron Garde-bœufs (Bubulcus ibis), des Bergeronnettes grises (Motacilla alba), des Cigognes blanches (Ciconia ciconia), et même parfois d’un Vautour fauve (Gyps fulvus)…
Je note que la baisse sévère de la population de Grande Alose (Alosa alosa) en reproduction sur la Garonne, ne laisse plus, comme autrefois, un nombre important de poissons morts après les accouplements. C’est probablement une baisse de ressource alimentaire printanière pour le Goéland depuis une dizaine d’années.
Le suivi de la population de Goéland leucophée de la vallée de la Garonne reste intéressant à observer. Il est probable qu’en quelques années les effectifs nicheurs baissent, si aucune ressource alimentaire importante ne vient se substituer à celle de la décharge à ciel ouvert de Nicole et si aucun site fiable de reproduction ne peut remplacer celui d’Agen. Mais la vigueur démographique de l’espèce, largement distribuée sur la vallée, permettra toujours de les observer !
Notons d’ailleurs que cette espèce est assez facile à mettre correctement dans les jumelles, et que ses divers comportement sociaux, pour ceux qui aiment l’éthologie, sont passionnants ! Le neuropsychiatre français Boris Cyrulnik en a même eu fait un sujet d’étude !
Photographie : Nicolas PINCZON – Larus michahellis, couple adulte mangeant un cadavre de Silure glane (Silurus glanis), le 27 juillet 2016, 47-BOÉ
Photographie : Nicolas PINCZON – Larus michahellis, vol d’un groupe au-dessus de la vallée du Lot, le 23 mai 2019, 47-AIGUILLON – Effectif ? Exactement 185 individus !
Bibliographie :
Issa N., Muller Y. – Atlas des oiseaux de France métropolitaine, nidification et présence hivernale – Volumes 1 - éd Delachaux et Niestlé, 2015
Atlas des oiseaux nicheurs d’Aquitaine – LPO Aquitaine et Collectif faune-Aquitaine.org – éd Delachaux et Niestlé, 2015
Atlas des oiseaux nicheurs de Midi-Pyrénées –Nature Midi-Pyrénées – éd Delachaux et Niestlé, 2012
Vansteenwegen Ch. - Histoire des oiseaux de France, Suisse et Belgique, l’évolution des populations, le statut des espèces - éd Delachaux et Niestlé, 1998La nuit, le jour, haut dans le ciel, haut dans les buissons… Les oiseaux passent !
Voir l’article : La migration des oiseaux – Quelques aspects hallucinants du phénomène – publié le 01 octobre 2018 – sur ce même blog
Voici quelques espèces qui passent actuellement dans le Lot-et-Garonne : Rousserolle effarvatte, Balbuzard pêcheur, Gobemouche noir, Gobemouche gris, Rossignol philomèle, Gorgebleue à miroir blanc, Phragmite des joncs, Tarier des prés, Torcol fourmilier, Coucou gris, Traquet motteux, Caille des blés, Bondrée apivore, Pouillot fitis, Busard des roseaux, Pipit des arbres, Chevalier guignette, Hypolaïs polyglotte, Fauvette des jardins, Locustelle tachetée, Bruant ortolan, Cigogne noire, Bergeronnette printanière, etc… VOUS POUVEZ LES OBSERVER !
Les effectifs de captures sur les stations de baguage dans le sud-ouest ont tendance à être sérieusement à la baisse d’année en année. Peut-être le constat, encore une fois, de la baisse globale des populations d’oiseaux ?
Photographie : Nicolas PINCZON – Gobemouche gris (Muscicapa striata), le 15 septembre 2019, 47-SAINT-HILAIRE DE LUSIGNAN
Photographie :Nicolas PINCZON – Tarier des prés (Saxicola rubetra), le 25 octobre 2020, 47-SAUVETERRE-SAINT-DENIS
Y a-t-il dans nos contrées, un écosystème plus coloré, plus poétique, plus diversifié que la prairie ? Rencontre avec les centaines d’espèces animales et végétales qui peuplent cet écosystème féerique mais menacé de disparition.
Film allemand de Jan HAFT très intéressant sur ces habitats incroyablement riches que sont les prairies naturelles. Beaucoup de belles connaissances en images et où il est mis en avant le risque de leurs transformations et de leurs disparitions, hélas en cours en Europe.
Accessible actuellement (jusqu’au 26 août 2020) sur Arte : https://www.arte.tv/fr/videos/076600-000-A/la-prairie-un-petit-coin-de-paradis/
Photographie issue du site www.arte.tv/fr: Un Tarier des prés (Saxicola rubetra).Dès les années 50 une lanceuse d’alerte réagit face aux sévères dégradations de l’environnement aux États-Unis…
FRANCE-CULTURE : Avoir raison avec… Rachel Carson - Emmanuel LAURENTIN – du 29 juin au 03 juillet 2020 – Série de 5 épisodes. Le lien :
https://www.franceculture.fr/emissions/avoir-raison-avec/avoir-raison-avec-rachel-carson
Des entretiens très intéressants, avec divers(es) invité(e)s, à propos de la courageuse scientifique Rachel CARSON. Celle-ci a écrit le fameux best-seller SILENT SPRING en 1962. Cet ouvrage est sans doute le tout début de la médiatisation d’une lente (trop lente) prise de conscience…Image : AbeBooks.fr Passionnés de livres. Printemps silencieux - édité par Plon, 1963

ORNITHOLOGIE : les 2 « têtes pointues » du Lot-et-Garonne
vendredi 29 mai 2020, par Nicolas Pinczon Du Sel
Deux espèces d’Acrocephalidés se partagent les habitats de la vallée de la Garonne durant la saison de reproduction…
Dans les petits passereaux, la famille des Acrocephalidés comprend au moins 14 espèces en Eurasie. Ce nom de famille vient du fait que la forme de la tête est caractéristique, très allongée, au front fuyant, se terminant par un bec pointu.
Les représentants de cette famille occupent des habitats bien définis. En général, il s’agit de zones herbacées buissonnantes plus ou moins humides : friches, haies, mégaphorbiaies, roselières...
Dans le Sud-Ouest, jusqu’à 5 espèces de Rousserolles, Phragmites et Hypolaïs sont régulièrement observés, soit en migration, soit en nidification.
Plus précisément, dans le Lot-et-Garonne, en période de nidification, 2 espèces assez proches en termes de classification et donc sur des aspects morphologique et biométrique, se partagent le territoire. Mais, en ce qui concerne leurs habitudes écologiques, il y a une nette nuance dans le choix des habitats pour ces 2 espèces. Choix qui semble ainsi exclure toute compétition interspécifique.
L’Hypolaïs polyglotte (Hippolais polyglotta) est nettement un oiseau de zones plus sèches, composées de ronciers, haies, petits arbustes (Saules, Frênes, Chênes…), très thermophiles. L’oiseau, aux teintes dominantes brune et jaune, inspecte les feuilles pour y capturer les insectes. Sur le plan acoustique, le mâle chante bien en évidence, de longues strophes, un gazouillis intense, du haut débit ! Il insère au milieu de ce fouillis sonore, des imitations d’autres espèces, comme de l’Hirondelle rustique (Hirundo rustica), du Moineau domestique (Passer domesticus), ou le cri d’alarme du Merle noir (Turdus merula) notamment.
Photographie : Nicolas PINCZON – Hippolais polyglotta, au sommet d’une haie de ronce, le long d’une prairie de pâture, sur un Ormeau mort, le 14 mai 2016, 47-FOULAYRONNES
Son : Stanislas WROZA – Hippolais polyglotta, 08 mai 2020, Yvelines, France – Source : xenocanto.orgMelodious Warbler (Hippolais polyglotta)La Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus) est un oiseau spécialisé des roselières, de la végétation palustre, nettement aquatique. Elle s’installe typiquement dans les phragmitaies (Phragmites australis). Elle apprécie autant la phragmitaie pure que des bordures où se rajoutent quelques Saules. L’oiseau, aux teintes dominantes brun-fauve et roussâtre, s’y observe plus ou moins facilement, surtout à l’aube, où elle se perche sur une tige souple et, bien concentré, chante assez discrètement. Ses émissions nasillardes sont une succession de notes grinçantes, répétés inlassablement. Cette espèce est souvent parasitée par le Coucou gris (Cuculus canorus).
Si le terrain si prête, la Rousserolle effarvatte et l’Hypolaïs polyglotte peuvent parfois être très proche l’un de l’autre, des territoires peuvent être distant de quelques dizaine de mètres seulement, et les chants sont alors entendus simultanément. Mais, quoi qu’il en soit, chacune des 2 espèces occupera respectivement que l’habitat pour lequel il est adapté et lui seul, n’empiétant jamais sur celui de l’espèce cousine...
Rousserolles et Hypolaïs sont de grands migrateurs, qui rejoignent les savanes et marécages de l’Afrique subsaharienne entre les mois d’octobre et d’avril.
Photographie : Nicolas PINCZON – Acrocephalus scirpaceus, au cœur d’une phragmitaie, dans un marécage, les « pieds dans l’eau », le 23 avril 2020, 47-VILLETON
Son : Olivier SWIFT – Acrocephalus scirpaceus, 04 juin 2017, Loire-Atlantique, France – Source : xenocanto.orgEurasian Reed Warbler (Acrocephalus scirpaceus)Bibliographie :
Les Passereaux d’Europe – Paul Géroudet, éditions mise à jour par Michel Cuisin – Tome 1 & 2 – éd Delachaux et Niestlé, 2010
Le guide ornitho – Le guide le plus complet des oiseaux d’Europe, d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient – L.Svensson, K.Mullarney, D.Zetterström – éd Delachaux et Niestlé, 2015Covid, une catastrophe écrite à l’avance ?
FRANCE-CULTURE : La Méthode scientifique par Nicolas MARTIN - 28 mai 2020
Une interview du biologiste Gilles BŒUF, vraiment très intéressante à propos des zoonoses, de la biodiversité…
Le lien :
https://www.franceculture.fr/emissions/la-methode-scientifique/la-methode-scientifique-emission-du-jeudi-28-mai-2020
Image issue du site www.franceculture.fr
Une belle étude sur le domaine vital de l’Aigle royal (Aquila chrysaetos) dans le Massif central…
Cette étude en cours, réalisée par Christian ITTY, porte plus particulièrement sur l’impact qu’ont les champs éoliens (implantés de manière assez récente) sur le comportement des Aigles royaux qui habitent cette zone montagneuse du centre de la France. Cette espèce chasse et se reproduit sur ce massif depuis... bien longtemps. Il faut espérer qu’elle puise s’y maintenir en toute tranquillité. En attendant d’avoir les résultats, sur la démographie de ce grand rapace dans ce contexte, ainsi que sur les domaines vitaux utilisés par cette population d’Aigles royaux confrontée aux perturbations de l’espace aérien par ces gigantesques installations, je vous laisse découvrir, grâce au lien ci-dessous (le blog du Centre de Recherches sur la Biologie des Populations d’Oiseaux – Muséum National d’Histoire Naturelle) l’étonnante technologie utilisée : GPS + 3D !
http://crbpoinfo.blogspot.com/2020/04/impact-des-parcs-eoliens-et-erratisme.html
Bon vol !!
Photographie issue du site : crbpoinfo./blogspot.com/
A propos de l’auteur
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Animé très jeune par l’observation des animaux, je concrétise ma passion en arpentant les forêts, montagnes, rivages et autres marécages, les jumelles au cou, le carnet de notes en main, un guide d’identification toujours ouvert… à 22 ans je passe plus d’une année dans les Terres Australes et Antarctiques Françaises pour étudier les Pétrels, les Prions, les Albatros, les Manchots...
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